S’isoler
En cas de difficulté à contrôler mes émotions et les réactions qu’elles provoquent, je vais m’isoler un peu.
Il y a (au moins) quatre cas de relations avec d’autres personnes dans lesquelles je peux me trouver plongé, plus ou moins brusquement, dans une situation émotive :
- Agression ou conflit dans la rue.
Dans ce cas, la méthode consiste à fuir dans tous les cas ou c’est possible, et à discuter le cas échéant. Le thème le plus déstabilisant pour un agresseur est “Pourquoi vous attaquez-vous à moi ? Je ne vous ai rien fait”. (Des études policières le signalent, et j’en ai fait l’expérience.) Mais toute tentative de rabaisser l’agresseur (par la force ou par la parole) provoquera une escalade dans la violence de l’agression. La discussion n’est pas destinée à prouver qu’on a raison ou humilier ou défaire l’agresseur. Elle a pour objectif de gagner du temps et d’organiser ma fuite (“Je sais ce que vous ressentez” ; “Allons prendre un verre”.
2. Conflit avec une personne connue mais pas spécialement proche (“copains, connaissances”).
Ces relations peuvent être épuisantes sur le plan émotionnel. Souvent, il suffirait de s’éloigner pour les éviter. Il n’y a rien de mal a éviter de s’aventurer sur un terrain piègé ; de même, il est préférable de s’éloigner d’un terrain fortement émotionnel ou violent.
3. Conflits entre personnes liées par les enfants (conjoints), par le travail (collègues), par des contingences matérielles (associés).
Ces situations ne me permettent pas de m’éloigner de façon durable, à moins de provoquer un basculement : divorce, perte du travail ou des biens matériels partagés. Je ne peux m’éloigner que très momentanément, mais je peux toujours utiliser l’éloignement pour éviter la colère, les paroles malheureuses ou les larmes. Je peux mettre à profit ces moments d’isolement de façon intense pour réévaluer la situation, établir ce que chacun a à y gagner, abandonner l’envie d’avoir raison, et laisser aux personnes le droit de faire des erreurs de raisonnement, dire des bêtises, ou être guidées par leurs préoccupations matérielles ; ceci jusqu’à ce que j’ai moi-même changé ma perception de la situation.
4. Mésentente familiale.
Ces relations et leur fonctionnement sont ancrés depuis longtemps, si ce n’est depuis toujours. Elles se sont confirmées en un cercle de renforcement où les attitudes des uns, quelles qu’elles soient, confirment les jugements des autres. Ces situations peuvent engendrer de profonds sentiments de frustration et d’injustice. Elles peuvent mener à la violence contre les autres personnes ou contre soi-même. Il va sans dire que, si je suis dans de telles situations, j’ai tout intérêt à la faire cesser. Mais je ne peux le faire ni en me défendant d’accusations (réelles ou supposées), ni en tentant de prouver que j’ai raison, ni par la violence, ni par le raisonnement. C’est précisément parce que les personnes en présence persistent à employer ces méthodes que la situation perdure. Je ne peux pas espérer changer d’abord l’opinion que mes proches ont de moi ; tout ce que je peux faire est de prendre de la distance, et de changer la manière dont moi, j’interprète leurs réactions à mon égard.
Dans toutes ces situations, la solution consiste d’abord à se taire, ou plus précisément à abandonner l’envie d’émettre des insultes, des paroles fortes, des jugements, des menaces ou des conseils. En effet, ceux-ci ne constituent que des carburants pour le conflit.
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