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Géobiologue Lyon

Autorité partagée

Pratiquer l’autorité confiée

 

L’autorité n’est justifiée que si elle est acceptée par les personnes sur qui elle s’exerce.

 

 

L’autorité confiée est un principe de la démocratie. On confie à une personne ou à un groupe de personnes une autorité limitée dans le temps. Cette autorité est acceptée par ceux sur qui elle s’exerce. Elle peut être remise en cause. Même dans le cadre d’une démocratie, elle s’exerce sans violence  sous peine de disparaître : “[Le] pouvoir, mais non la violence, est l’élément essentiel de toute forme de gouvernement [. . . et] ce qui lui est essentiel, c’est la légitimité [. . .].

La violence peut être justifiable, mais elle ne sera jamais légitime”. Arendt montre que c’est quand elle sent que le pouvoir est sur le point de lui échapper que l’autorité est tentée de le remplacer par la violence. La violence apparaît lorsque l’autorité qui a été confiée se voit retirée. Ceci me paraît valide pour toutes les formes d’autorité, y compris celles qui ne sont pas politiques au sens strict, comme celle d’un parent, d’un tuteur, d’un enseignant. Les enfants ou les élèves confèrent au parent ou à l’enseignant une autorité qu’ils peuvent remettre en cause. Dans ce cas, l’usage de la force (sévices, menaces, punitions petites ou grandes) va à l’encontre des objectifs éducationnels. Si l’autorité est remise en cause, c’est le parent ou l’enseignant qui doit modifier son mode d’éducation. Ce n’est pas l’enfant ou l’élève qui doit être soumis à l’autorité par la force.

L’autorité confiée ne continue a être “confiée” que si les personnes sur qui elle s’exerce en sont satisfaites. Pour ce faire, la personne ou le groupe à qui l’autorité a été confiée met l’accent sur l’explication du bien-fondé de ses agissements. Ce système présente des vices. Par exemple, les gouvernements tendent à cacher ce qui pourrait amener à remettre en cause leur autorité. Ils tendent également à rendre les décisions opaques. Ce problème est inhérent à la notion d’autorité confiée, mais celle-ci contient également les moyens de le traiter : les personnes sur qui s’exercent l’autorité ont les moyens d’y veiller et d’exiger que les décisions soient transparentes.

La force tend à jouer sur le principe de majorité, parce que le pouvoir ne change clairement de main que lorsqu’il n’est plus soutenu par une majorité. Mais le principe de majorité tend à cacher le rapport individuel de chacun avec l’autorité. Quel que soit le nombre de personnes qu’un pouvoir satisfait, et qui ne refusent pas ce pouvoir, il n’en reste pas moins que ce pouvoir est en échec complet dans le cas des personnes qui le rejettent. Par exemple, ça semble une lapalissade de dire que si un enseignant n’est pas accepté par un étudiant, il ne peut pas atteindre son objectif d’enseignement, et que pas conséquent ce n’est pas un enseignant convenable pour cet étudiant. Et pourtant, abusés par un principe de majorité mal appliqué, on l’oublie tout le temps. Ça ne veut pas dire que cet enseignant est, globalement, un mauvais enseignant, ni que son enseignement doit être sacrifié au profit de la personne unique qui le rejette. Mais cela veut dire, évidemment, que son enseignement doit être ponctuellement modifié pour atteindre son objectif. Il en va de même pour tout autre pouvoir : il n’est pas loisible de déclarer une personne associable ou inadaptable à un pouvoir, sous prétexte qu’une majorité s’en satisfait.

Le rôle de l’autorité confiée est précisément de jouer son rôle, et d’assurer la satisfaction de tous ceux qui, directement ou non, lui confient cette autorité. L’illusion que la violence, comme mode de rejet d’une autorité, a un effet, vient de ce que “par la dramatisation des griefs, elle sollicite très vivement l’attention du public”. Néanmoins, “sans aucun doute, la violence est payante”, mais elle conduit le plus souvent à se faire payer en cachous parce que ceux qui recourent à la violence n’ont souvent pas les moyens d’obtenir ce qui serait bon pour eux. Ça va de pair : c’est justement parce qu’on ne sait pas ce qui est bon pour soi qu’on recoure à la violence. “Comme n’importe quelle action, la violence peut changer le monde mais il est infiniment probable que ce changement nous conduise vers un monde plus violent”.

 

Autres références sur la question de l’autorité :

  • Autorité et “amour inconditionnel”
  • Autorité et politique
  • Construire son rapport à l’autorité (adolescence et jeunesse)
  • Alternatives à l’autorité
  • Usage de la force pour des raisons pédagogiques

 

 

 

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© Copyright 2009 Luc Élias-Kawada  et Jean-François Romang. Ces textes sont mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons - Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 France. La reproduction et la diffusion sont autorisées, sans modification et à des fins non commerciales.

 

 

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