Révélations continues
Les découvertes se font chaque jour en amenant la connaissance à la conscience.
Tout ce que nous avons à faire est de nous asseoir, de revenir au monde silencieux et à l’immensité de l’existence. [. . .] Vous pouvez ne croire en rien. Foi ne veut pas dire croyance. La vraie foi signifie que vous devez juste être là, vous baigner dans le silence et dans l’immensité de l’existence. Cette foi est appelée confiance. C’est pourquoi, lorsqu’on ressent vraiment quelque chose à travers la pratique, on peut temporairement l’appeler foi.Dainin Katagiri : Retour au silence ; la pratique du zen dans la vie quotidienne. Seuil, 1988 rév./trad. 1993. Jikai Dainin Katagiri, également connu sous le nom de Hojo-san Katagiri, était un Sōtō Zen roshi et l'abbé fondateur du Minnesota Zen Meditation Center à Minneapolis, Minnesota, où il a servi de 1972 jusqu'à sa mort d'un cancer en 1990.
La révélation ou la foi ne sont pas nécessairement de grandes choses, et ne sont pas des choses moins impermanentes que les autres. Elles apparaissent et disparaissent, laissant des traces plus ou moins profondes, plus ou moins durables. Elles sont continues dans le sens qu’elles ne cessent pas d’apparaître et de disparaître. Comme notre conscience, qui nous apparaît stable mais qui est composée d’un flux continu de pensées sans cesse renouvelées (on peut comparer la conscience à une chute d’eau, qui paraît toujours la même mais ne contient jamais la même eau).
Chaque jour, à chaque instant, nous sommes submergés par des milliers d’informations, chacune filtrée par nos visions précédentes. Nous construisons ainsi des systèmes de pensée plus ou moins cohérents, souvent contradictoires, toujours erronés, toujours bâtis de généralisations abusives.
Cependant, une grande part, peut-être la plupart des informations que nous recevons trouvent mal leur place dans nos constructions précédentes et elles sont posées quelque part en nous sans être exploitées dans l’immédiat. Nous disposons ainsi d’un stock immense de connaissance inexploitées et qui ne serviront, au bout du compte, qu’à étayer des constructions antérieures erronées.
Mais il est possible de trouver en soi des germes de pensées nouvelles, originales, et d’agréger autour des éléments de notre expérience que nous n’aurions pas exploités de cette façon. C’est ainsi que s’opèrent des cristallisations , les révélations brusques de visions de monde plus profitables que celles dont nous disposions.
Nous possédons ainsi des connaissances passives que nous pouvons transformer en connaissances actives. Le passage à la connaissance active est une forme de prise de conscience, ou de capacité d’exploitation consciente de l’information.
Celle-ci s’obtient dans la méditation ou dans la discussion avec abondante prise de note. Elle ne s’obtient pas dans d’autres circonstances. Dans d’autres circonstances, comme la discussion ouverte sans prise de note, on n’acquiert guère que des connaissances passives (réflexes, habitudes du corps ; mémorisation et interprétation inconsciente) ou des illusions de connaissance et de compréhension (qui s’effacent ou rejoignent presque immédiatement l’inconscient — “les paroles s’envolent”).
La connaissance active s’obtient par l’expérience si l’expérience est accompagnée d’un processus conscient d’évaluation (méditation). Lorsque je vis une expérience, je peux me demander :
- qu’est-ce qui provoque cette expérience ?
- quelles en sont les conséquences ; qu’est-ce qui va se passer ?
- quelles réponses je peux avoir et quelles sont les conséquences de ces réponses
- quelle réponse je choisis et quelles sont les motivations de ce choix ?
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