Exister au delà de soi
L’individu n’a pas de sens hors de celui qu’il prend dans la continuité humaine.
Tout individu, même le pire, désire contribuer au-delà de lui-même.
Nous ne sommes pas une portion du monde, nous sommes nous-mêmes le monde dans son entier.Daïnin Katagiri Jikai Dainin Katagiri, également connu sous le nom de Hojo-san Katagiri, était un Sōtō Zen roshi et l'abbé fondateur du Minnesota Zen Meditation Center à Minneapolis, Minnesota, où il a servi de 1972 jusqu'à sa mort d'un cancer en 1990.
Nous ne sommes pas séparés du reste du monde
Nous pouvons penser que les autres ne dépendent de nous que d’une manière très diffuse, et que nous ne dépendons pas d’eux. Nous pouvons vous voir comme une entité autosuffisante. Mais cette vision est illusoire.
- Nous ne sommes rien en dehors de la communauté. qui nous abrite.
- Nous désirons tous contribuer au monde au-delà de nous-mêmes.
Tout ce que nous faisons, nous le faisons en pensant à d’autres personnes (qu’elles soient fictives ou réelles, aimées ou non, importantes ou peu importantes). Tout ce que nous recevons, nous le recevons à travers d’autres personnes.
- Citez une chose, une seule, que vous ne faites pas en pensant à une autre personne (que cette personne soit fictive ou réelle, aimée ou non, importante pour vous ou non). Vous pouvez ?
- Citez une chose, une seule, pour laquelle vous ne dépendez de personne. Vous pouvez ?
- Faites une promenade en ville et portez une attention particulière aux personnes qui vous paraissent en difficulté, malheureuses, ou socialement dangereuses. Essayer d’imaginer ce qui pourrait changer si les conditions d’existence de chacune de ces personnes étaient améliorées.
Vous pouvez constater que vous-même en tireriez également un bénéfice immédiat.
- Essayez de participer à une activité dans laquelle plusieurs personnes joignent leur force physique dans un même but (activité de construction ou de nettoyage, sport d’équipe ou entraînement sportif). Commencez cette activité par un échauffement complet d’une quinzaine de minutes (articulations, muscles). Pensez alors que vous mettez votre corps au service du groupe, qu’il ne s’agit pas de votre corps mais d’une partie du corps collectif, et qu’il vous revient de veiller à ce qu’il soit en bon état et ne se blesse pas. Non seulement ce changement de perspective peut vous permettre d’apporter une meilleure contribution à l’activité en question, mais il vous permet de vous rendre compte que vous n’existez en tant qu’individu qu’à partir du moment où vous êtes part d’une communauté.
- Considérez le groupe de personnes qui vous est le plus proche. Essayez de voir ce groupe comme une entité unique, un être à plusieurs corps, mais dont les pens.es et les actes sont étroitement corrélés. Observez cet être dans ses activités de tous les jours.
Tout ce que nous faisons a une influence sur le monde
Nous pouvons penser que ce que nous faisons à chaque instant n’a finalement aucune importance. Nous pouvons nous voir chacune et chacun comme un six-milliardième de l’humanité, et penser que nos actes, quels qu’ils soient, sont quantité négligeable. Mais cette vision est erronée.
- Nos rencontres, nos chances et nos malchances se jouent toujours à une seconde près. Chacun de nos actes, chacune de nos paroles, a des conséquences infinies sur notre vie future.
- De même, chacun de nos actes, chacune de nos paroles entraîne d’autres personnes à agir différemment de ce qu’elle auraient fait si nous avions agi ou parlé autrement.
Ce que nous sommes et ce que nous faisons modifie toujours radicalement l’état du monde futur.
- Fermez les yeux et visualisez une personne qui vous est proche mais qui ne soit pas un parent. Cette personne est nécessairement à l’origine de nombreuses décisions que vous avez prises, et qui ont radicalement orient. votre vie dans une direction particulière. Cherchez bien. Puis, une fois que de tels événements vous sont revenus à l’esprit, essayez d’imaginer ce que serait votre vie si vous n’aviez pas connu cette personne. Vous ne seriez certainement pas où vous êtes à présent ni dans la situation où vous êtes. Vous pouvez ainsi vous rendre compte que les actes d’une seule personne changent radicalement l’avenir.
- Pensez à un parent décédé, même lointain. Cette personne a nécessairement exercé une influence sur vos parents proches, ce qui les a amenés à prendre un certain nombre de décisions, qui ont radicalement orient. leur vie dans une direction particulière. Demandez-le leur. Vous vous rendrez vite compte que si cette personne avait agi à peine différemment, vous ne seriez certainement pas où vous êtes à présent. Il est même probable que vous n’existeriez même pas !
Ce que nous sommes précède notre naissance et se prolonge à l’infini après notre mort.
Nous pouvons penser que notre existence commence à notre naissance et se termine avec notre mort. Mais cette vision est erronée.
- Tout ce que nous sommes nous vient d’éléments épars qui ont précédé notre existence : idées, paroles, modes de pensées, gênes, matière…
- De par notre influence sur le monde, de par ce que nous laissons, tout ce que nous sommes a une influence infinie sur l’état du monde futur. Nous survivons à travers nos actes et nos paroles, nos gênes aussi, si nous avons une descendance.
Ces trois aspects de notre existence sont une conséquence du fait que nous ne sommes que des manifestations particulières de la “continuité humaine” — comme le courant d’air, qui est pourtant capable de fermer une porte, n’a pas d’existence propre en dehors de l’atmosphère dont il est issu.
En prendre conscience nous dit que nous avons une responsabilité vis-à-vis du passé et une responsabilité vis-à-vis du futur. Nous sommes le résultat de l’influence de toutes celles et tous ceux qui nous ont précédés et que nous avons côtoyés ou côtoyons encore. Nous avons pour mission de poursuivre les objectifs que celles-ci et ceux-ci ont visés, si ceux-ci sont justes ; d’être des “personnes de transition”, des charnières entre le passé et l’avenir, afin de transmettre le meilleur mais de ne pas transmettre ce qui est générateur de souffrance.
De même, nous influençons profondément, par le moindre de nos actes et de nos paroles, toutes celles et tous ceux que nous côtoyons et qui nous suivent, et par ricochet toutes celles et tous ceux qui viendront après eux. Ne pensons pas que cette influence est négligeable. Par exemple, si nous provoquons de la colère chez quelqu’un, cette colère lui sera néfaste et par ricochet sera néfaste à celles et ceux que cette personne fréquente. C’est encore plus net pour les questions d’éducation ou de relation entre les générations.
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