Choisir ma vie
Je vais choisir mon lieu d’existence et mon mode de vie en fonction d’une réflexion et non d’habitudes ou de conventions.
Industrialization numbs [our] natural power to live without the help of machinery or large capital. To live thus artificially means to lose, sooner or later, the power of independent movement.Lafcadio Hearn (Koizumi Yakumo) : Kokoro, Hints and Echoes of Japanese Inner Life. Charles E. Tuttle, 1896 éd. 1972/85. Lafcadio Hearn est un écrivain irlandais qui prit ensuite la nationalité japonaise sous le nom de Yakumo Koizumi.
McWorld’s advocates will argue that the ‘market’ does ‘serve’ individuals by empowering them to ‘choose’ but the choice is always about which items to buy and consume, never about whether to buy and consume anything at all ; or about the right to earn an income that makes consumption possible ; or about how to regulate and contain consumption so that it does not swallow up other larger public goods that cannot be advanced in the absence of democratic public institutions. In McWorld’s global market, empowerment lies in the choice of toppings on a baked potato [. . .]Benjamin R. Barber : Jihad vs. McWorld : How Globalism and Tribalism Are Reshaping the World. Ballantine, 1996. Benjamin Barber est un politologue et écrivain américain.
Choisir mon mode de vie
Il s’agit bien sûr d’un choix personnel et familial. Que je choisisse une vie plus ou moins empreinte de technologie, plus ou moins intégrée à un système industriel, je ne peux en aucun cas imposer mes choix personnels à d’autres personnes, ou ceux de mon groupe ou de ma communauté à d’autres communautés. Mon problème est seulement de contribuer à un environnement social, politique, écologique et éthique qui permette de faire ce choix. Mode de vie industriel ou mode de vie artisanal, que je choisisse l’un ou l’autre, le choix n’existe et ne se maintient que si je suis capable de passer de l’un à l’autre. Cette capacité ne dépend que de moi-même, des compétences que je me donne, de ma mobilité. Avoir le choix de vivre en ville, c’est pouvoir aussi, si désiré ou nécessaire, vivre hors des villes. Vivre avec le confort s’il est disponible n’est un choix que si je sais, aussi, m’en passer. Je ne peux prétendre posséder et offrir ces choix que si je sais vivre avec la nature, dans l’immensité du monde, et si je fais en sorte de transmettre ces
choix aux générations futures.
Pouvoir faire face aux circonstances
Les sociétés industrielles montrent à toutes les époques et dans tous les systèmes que la précarité et la misère sont à deux pas, que la plupart d’entre nous peuvent subir des contrecoups économiques. Par ailleurs, l’histoire montre continuellement qu’aucun endroit à aucun moment n’est définitivement à l’abri de la guerre. Il y a toujours un moment où il faut changer d’habitude, abandonner ce qu’on possède, partir. Bien souvent, je choisis un mode de vie parce qu’il m’a été imposé par les circonstances de mon enfance, les choix de mes parents, le hasard de mes études, les conventions familiales ou sociales. Si tout va bien dans mon existence, et si je suis persuadé qu’à aucun moment les circonstances dans lesquelles je peux pratiquer ce mode de vie ne risquent de changer, je peux refermer ce livre et passer à autre chose. Mais si par moments je me demande pourquoi je vis ce que je vis, si je serais capable de changer de vie si le désir ou le besoin s’en faisait sentir, je peux remettre en question certaines de mes habitudes.
Choisir mon lieu de vie
Même nous, qui vivons dans les pays industrialisés, choisissons rarement notre lieu de vie. Nous sommes citadins parce que ça nous paraît dans la logique des choses. Je pense à tous ceux qui veulent “foutre le camp” et continuent jour après jour à mener la même existence. Parce qu’ils ont semé leur travail pour récolter des objets. Ils ont pris un prêt pour une voiture, une maison, un téléviseur, et enfin des machines et des outils pour leur travail. Posséder est un droit, mais ce n’est pas une nécessité. La possession est une greffe directe sur le “moi”. Choisir non pas de ne pas posséder, mais de moins posséder, moins consommer, moins dépenser, c’est non seulement moins polluer, moins utiliser d’eau, de bois, d’air, moins rejeter de détritus, mais c’est aussi être moins dépendant, moins attaché, moins chargé du fardeau des dettes, moins tenu à une position géographique. C’est, tout simplement et de façon si évidente qu’il semble ridicule de le rappeler, être plus libre. Mais moi, je ne possède rien, diront certains autres. Et pourtant je n’ai ni les moyens ni les compétences pour vivre ailleurs. Mais pourquoi, alors, vivre ici ? Sans moyens, entre ici ou ailleurs, pourquoi ne pas choisir ?
- Parmi les objets que vous possédez, quels sont ceux que vous emporteriez si vous deviez les transporter à la force de votre corps, à pied, en vélo, en charrette ?
- Combien d’heures par semaine passez-vous : (a) à vous déplacer ; (b) à travailler pour payer vos dettes ; (d) à regarder la télévision ; (d) avec vos parents, conjoints, enfants ; (e) en pleine nature ?
- Où aimeriez-vous vivre ? Quelle est votre image de la vie idéale ?
- Si une guerre civile éclatait dans votre pays, que feriez-vous, où iriez-vous, quelles ressources auriez-vous pour vivre ailleurs ?
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