Choisir ce qu’est mon travail
Quel que soit mon emploi je vais toujours en apprendre quelque chose, toujours en faire un plaisir, toujours être capable d’en changer.
Stratégie N°9 : Ayez des loisirs bizarres. Cultivez des orchidées. Faites des courses de yack.D’après les 50 stratégies pour avoir de la chance en affaires ; Tom Peters Tom Peters est un consultant — ex-Mc Kinsey — et un auteur américain, spécialiste du management et célèbre en particulier pour son livre Le Prix de l'excellence avec Robert Waterman.
Stratégie N°29 : Prenez des périodes sabbatiques.
Stratégie N°30 : Transplantez-vous tous les dix ans, c’est-à-dire changez de vie.
Stratégie N°31 : Passez la moitié du temps avec des gens d’un autre domaine. Vous en apprenez plus en cinq minutes qu’en cinq heures de réunion avec vos collègues.
Stratégie N°33 : Prenez un boulot pourri deux mois par ci, six mois par là.
Arendt définit le travail, l’oeuvre et l’action comme les trois activités humaines fondamentales, correspondant aux conditions de bases dans lesquelles la vie sur terre est donnée aux êtres humains. Forrester, dans le contexte d’une société à fort chômage, propose d’abandonner l’idée que la société doive pivoter autour de la notion de travail. Néanmoins, il me semble qu’il n’est pas plus de raison de prophétiser la fin du travail que la fin de n’importe quoi d’autre : toutes les sociétés ne sont pas des sociétés à fort chômage et celles qui le sont ne le seront pas nécessairement demain ; toutes les sociétés ne sont pas hautement industrialisées et il n’est pas certain qu’elles le deviennent toutes ; les modes de fonctionnement des sociétés futures sont imprévisibles, et le travail peut se redéfinir demain sous des formes encore inimaginables.
Le travail est, sans doute, l’un des fondements de la personne, l’un des modes de structuration des groupes familiaux, des communautés, des pays. Mais le travail est aussi, comme tout ce qui touche à la personne, une affaire de multiples choix individuels. Il peut paraître bizarre, voire cynique, de prétendre que même dans une société à très fort chômage, ou dans une société complètement dérégulée dans laquelle les employeurs peuvent imposer à leurs employés des conditions drastiques, le travail puisse dépendre de choix individuels. Mais le point de vue qui est défendu ici est que les conditions qui font notre existence quotidienne sont, pour la plupart, hors de notre portée : nous ne pouvons pas modifier le temps qu’il fait, nous ne pouvons modifier l’état du monde immédiat que dans une mesure dérisoire, et rarement dans une direction que nous pouvons définir à l’avance. Néanmoins, même dans ces conditions, qui sont celles de l’existence, nos choix sont infinis. Même dans les conditions les plus contraires à la liberté, nous disposons de milliers de manières d’agir sur notre rapport aux circonstances.
Nous sommes, même en prison, libre de penser, d’agir, de choisir et de décider. Il en va de même en ce qui concerne notre activité professionnelle. La méthode d’éveil attribuée à l’enseignement de Bouddha inclut explicitement que l’idée que l’éveil ne peut se faire si nous sommes en désaccord avec notre manière de gagner notre vie. Il s’agit principalement :
- de se demander quelles sont les conséquences — humaines, sociales, morales, économiques — de son activité professionnelle (on ne peut guère, par exemple, fabriquer des grenades en ne se posant pas la question de leur usage)
- de refuser d’exercer une activité néfaste ou en contradiction avec ce qu’on croit juste ;
- de toujours apprendre de son activité : même les métiers apparemment les plus vides d’intérêt (nettoyer, assembler, etc.), sont ce qu’on en fait ; de plus, ils sont toujours des
étapes vers des activités plus gratifiantes ; - de toujours être l’élève de quelqu’un et de toujours être l’enseignant de quelqu’un, c’est-à- dire : d’une part s’inscrire dans une tradition de connaissance, d’autre part personnaliser l’activité professionnelle, en faire une relation de personne à personne ;
- de savoir modifier son activité de l’intérieur, en dépassant les difficultés de la structure (par exemple, d’être capable d’amener ses supérieurs à considérer certains changements qui paraissent profitables, même si ceux-ci commencent par s’y opposer ; d’être capable de modifier ou de faire modifier la description de son emploi, si celle-ci est trop rigide, trop contraignante, trop peu intéressante) ;
- dans le cadre du thème de cette semaine, d’être capable de faire le choix de son activité professionnelle elle-même, comme on fait le choix de son mode et de son lieu de vie : non pas en fonction de contraintes familiales, sociales, d’objectifs traditionnels ou conventionnels mais bien en fonction des points ci-dessus, et de ses choix de vie. Pour cela, il est important aussi d’être capable de changer et d’exercer des activités très diverses.
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